mercredi 25 juin 2008

Comment amadouer une 'nation'

Hier, on célébrait la fête nationale du Québec, la St-Jean-Baptiste. Outre les spectacles, les feux d'artifices, et la '50' qui coule à flot, cette fête est synonyme d'un désir qui existe depuis longtemps chez une partie du collectif québécois, celui de faire du Québec une nation indépendante. Elle est synonyme avec la visite des chefs des partis fédéraux, qui viennent montrer leur support au Québec. De son bord, le premier ministre Stephen Harper a cru bon de rappeler à des électeurs de la rive-sud que son gouvernement a été le seul à faire passer une motion reconnaissant le Québec comme nation dans un Canada uni. Malgré les raisons opportunistes de cet acte, je dois quand même lever mon chapeau à l'initiative.

Je suis né et vis au Québec depuis près 29 ans maintenant. Je n'ai pas connu les temps chauds qui résultaient du désir indépendantiste, mais je fais présentement partie de la génération à qui on a relégué ce rêve. De mon bord, je n'ai jamais été un indépendantiste convaincu. Mais j'ai toujours ressenti, basé sur des faits historiques et un certain sentiment d'appartenance, que les Québécois étaient un peuple distinct au Canada et méritaient une reconnaissance officielle de la part du ROC. Ceci dit, j'ai souvent adopté de positions souverainistes, surtout quand je sentais que le peuple québécois se faisait chier sur la tête par le gouvernement fédéral au pouvoir. Ceci était surtout vrai pendant le règne du gouvernement de Jean Chrétien, qui comme son prédécesseur libéral, le très honorable PET, prenait un plaisir de planté des couteaux dans le dos et dans le coeur des gens de son propre peuple.

Mais depuis l'élection du gouvernement Harper, je sens que le vent change, du moins pour moi dans mon sentiment de faire du Québec un pays souverain. Pourquoi? Tout simplement parce que cet homme semble réellement faire un effort, ne serait-ce qu'en paroles, pour reconnaître que le Québec est une nation distincte (dans un Canada uni et fort). Son 'fédéralisme d'ouverture' est le plus ouvert que j'ai connu depuis que je m'intéresse à la politique. Et à mon avis, ça constitue aussi une première au pays... un premier ministre anglophone qui reconnaît que le Québec est une nation. Il ne le croît peut être pas dans son fin fond, et c'est assurément pour augmenter la popularité de son parti au Québec, mais il l'affirme, et ça c'est un gros début. J'ai toujours pensé que la mort du rêve souverainiste viendrait avec l'adoption d'une reconnaissance officielle, de la part du gouvernement fédéral, du statut de société distincte au Québec. Avec une belle plaque et/ou un monument dans la capitale de la Belle Province pour souligner l'adoption de cette reconnaissance. La combinaison actuelle de cette initiative des conservateurs et des faiblesses actuelles du parti souverainiste provincial, le Parti Québécois, nous mènera vers la fin du débat souverainiste.

Une chose à clarifier : même si je penses que cette reconnaissance est un pas dans le bon sens, ça ne fait pas de moi un supporteur du parti conservateur de M. Harper. Je ne pourrais jamais élire un gouvernement qui souhaite transformer le Canada en cousin encore plus proche des ÉU. Mais du point de vue stratégique, M. Harper est sur la bonne voie pour faire mourir le rêve souverainiste une fois pour tout. Il doit maintenant supporter ses paroles par des actes concrets. De mon bord, je serais très satisfait d'avoir une reconnaissance officielle au Québec, tout en restant dans un pays qui fonctionne bien malgré ses tensions linguistiques.

2 commentaires:

Nicdou a dit…

Le gouvernement du Canada a déjà officiellement reconnu le Québec en tant que nation, c'est fait ça. Or, dire que cela a changé - ou que cela VA changer - quoique ce soit aux ardeurs souverainistes des Québécois, c'est un peu se fourrer un doigt dans l'oeil bien profond à mon avis.

La réalité, c'est qu'il existe une forte proportion de la population québécoise qui n'en a rien à glander du Canada et de la supposée « réconciliation » avec le ROC. Cette proportion non négligeable de la population québécoise ne sera réellement satisfaite que lorsque le Québec aura proclamé sa déclaration unilatérale de souveraineté. La mort du rêve souverainiste, c’est à ce moment qu’elle surviendra, pas avant. Elle ne surviendra certainement pas avec des déclarations symboliques du gouvernement fédéral, qui ne jouit d’aucune reconnaissance officielle pour ces souverainistes endurcis.

Les souverainistes sont extravagants et extrémistes à cet égard, mais il faut bien reconnaître qu’ils soulèvent un point valable : un discours vide et une plaque commémorative du fédéral sont-ils réellement suffisants pour calmer les ardeurs d’une nation dans sa quête pour sa reconnaissance mondiale ? Absolument pas.

Quant au Parti Québécois, il est le seul responsable de sa perte et de son recul dans les intentions de vote des Québécois. À cet effet, je crois comprendre que même si ses initiales sont prémonitoires, Pauline Marois ne représente tout simplement pas le rêve de la Première Ministre qui mènera ces souverainistes à leur but ultime. La perte de vitesse du Parti Québécois n’a donc rien à voir avec les convictions souverainistes des gens.

Un parti n’est pas la souveraineté; la souveraineté n’est pas un parti.

En 1980, avant le premier référendum, PET a lancé aux Québécois qu’un vote pour le non était un vote pour le changement au sein du gouvernement fédéral. J’ai un oncle qui l’a cru et qui a voté non à ce moment, pour ensuite me répéter plusieurs années plus tard qu’il s’agissait de la plus grande erreur politique de sa vie. Il s’est alors promis que le fédéral ne le reprendrait plus avec ses belles paroles et/ou ses gestes symboliques, qui s’avèrent être souvent beaucoup de flafla pour pas grand-chose de concret.

Être en accord avec les souverainistes québécois s’avère être un choix bien personnel qui touche à des valeurs extrêmement sensibles chez bien des gens. Or, d’accord ou pas, au niveau des faits, il faut quand même reconnaître que les souverainistes auront besoin de bien plus que des déclarations fédérales pour tuer le rêve de leur vie...

Jordan a dit…

Que signifie forte proportion de la population québécoise qui 'ne sera réellement satisfaite que lorsque le Québec aura proclamé sa déclaration unilatérale de souveraineté' en terme de chiffres? En étant plus que généreux, je serais surpris de voir que ce chiffre soit plus haut que 20%.

Ne pouvant mesurer ce critère plutôt subjectif, j'ai pu trouver des chiffres venant de sondages CROP-La Presse ou la question souverainiste était posée. Il semble que depuis 2004, la population québécoise n'a pas bronchée sur cette question. On retrouve toujours un chiffre environnant les 60% pour le 'non' et 40% pour le 'oui'. Notons que cette distribution rappelle le résultat du premier référendum de 1980.

Il semble que les 'actes' du gouvernement Harper et/ou la crise d'identité de parti du PQ n'aient pas changé l'opinion collective face à la question de la souveraineté. Serait-ce donc le fantôme de PET qui ferait balancer aussi fortement cette question dans le camp du 'non', même après tant d'années?

Une autre question se pose... si une plaque commémorative et/ou une entrée dans la constitution soulignant la reconnaissance de la nation québécoise verraient le jour dans les prochaines années, est-ce que cela aurait un effet sur la proportion de gens qui voteraient 'oui' au référendum? Je penses que c'est à ce moment que l'on pourrait vraiment voir le pourcentage de vrais souverainistes qui veulent un pays.