vendredi 24 octobre 2008

Le Grand Prix à payer...


Il y a un peu plus de deux semaines, une véritable tragédie survenait. Un évènement si grave que les élus de la ville de Montréal, de la province du Québec et même du Canada (ok, pas un élu, mais tout comme) ont rapidement fait front commun pour tenter de renverser la situation gargantuesque. Était-ce le résultat d'une crise constitutionnelle? Était-ce une réunion urgente pour tenter de trouver des moyens de résoudre la crise économique? Les changements climatiques? Les conditions du système de santé et des hopituax? Un désastre naturel ayant causé des dommages irréparables et des victimes en détresse? C'était pire que tout ceci mis ensemble...

Pour la deuxième fois en moins de 5 ans, Montréal ne figurait pas sur le calendrier provisoire de la Formule 1! Je vous demanderais de retenir vos cris d'horreurs et de désespoir en ce temps de grande tristesse.

Laissons tomber le sarcasme et parlons sérieusement. Puis-je savoir pourquoi Gerald Tremblay (maire de Montréal), Raymond Bachand (Ministre du développement économique au Québec) et Michael Fortier (un ministre non-élu qui vient de perdre ses élections et qui était en charge de Montréal dans le feu cabinet fédéral) se sont faits payer un voyage 'express' (assurément pas en classe économique) pour aller plaider le sauvetage du Grand Prix auprès du grand manitou de la F1, Bernie Ecclestone, dans ses bureaux à Londres? Puis-je savoir combien ce magnat de la F1 leur a demandé pour ramener le Grand Prix à Montréal? Surement une somme assez fulgurante considérant que les trois mousquetaires sont revenus au pays en disant que les discussions s'étaient bien passées mais qu'aucune entente n'avait été conclue (donc ils sont revenus bredouille). Selon La Presse, le retour du Grand-Prix à Montréal ne coûtera pas moins de 75 millions de dollars pour les 5 prochaines années (en suposant que des investisseurs prvés embarquent dans ce 'plan de sauvetage'). Une somme qui sera partagée entre les deux palliers de gouvernement. Donc, une somme que nous, les contribuables du Québec, continueront de payer pendant longtemps. Et tout ça pour ramener un spectacle de trois jours, qui véhicule des valeurs du genre snob, 'big money, big luxury'. Un spectacle loin d'être abordable pour la personne de la classe moyenne (surtout dans les circonstances économiques actuelles).

Certes, cet événement apporte une visibilité internationale à Montréal. C'est un gros party dans la ville. On voit et on entend des gens venant de tous les coins du monde. Mais je doutes que ce soit des motifs culturaux qui motivent les actions de nos dirigeants. Le chiffre d'affaires de certains commerçants et restaurateurs (principalement ceux situés au centre-ville de Montréal) gonfle considérablement pendant ces trois jours. On parle de retombées monétaires frôlant le 100 millions de dollars ici. C'est énorme pour une ville comme Montréal, qui n'a la base pas d'attraits touristiques reconnus mondialement (même pas le phallus de l'U de M). Ceci explique l'implication de tant de hauts placés dans cette affaire. Il y a aussi une question d'orgeuil à mon avis. Le Canada, le Québec et la ville de Montréal ne veulent peut être pas passer pour des 'cheaps' aux yeux de la communauté internationale et huppée de la F1, qui pourrait snobber le Canada en entier indéfiniment si l'on ne tente pas quelque chose pour sauver le Grand Prix.

Mais soyons réalistes, ce ne sont pas les dirigeants de la F1 ou les quelques commerçants et restaurateurs bénéficiant de ce boost économique de quelques jours qui rembourseront l'argent qu'aura à débourser les gouvernements provincial et fédéral. Ce ne sont pas les touristes venus exprès pour cet évènement qui effaceront une dette de 75 millions de dollars en 5 ans. Considérant la somme du budget national, 75 millions n'est pas une somme énorme. Mais d'un autre côté, ce n'est pas une majorité de citoyens Montréalais, Québécois et Canadiens qui tirera profit de la tenue d'un Grand Prix de Formule 1 à Montréal. Considérant le tas de problème retrouvé dans la société québécoise actuellement (e.g. problèmes d'infrastructures, besoins de fonds pour construire deux superhopitaux, sous-financement des écoles à tous les niveaux, récession imminente suite à la crise financière), je trouves complètement irresponsable que nos gouvernements investissent autant de temps, d'énergie et potentiellement de l'argent pour sauver un événement qui ne bénéficie pas à la majorité de la population.

Si seulement nos problèmes criants étaient aussi importants que la tenue du Grand Prix... on aurait peut être l'impression que notre société avance aussi vite qu'une Ferrari au lieu de sentir qu'elle fait du sur place...

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